Les larmes ruisselant sur ses joues, Danelle courait droit devant elle, s’efforçant de refouler les pensées morbides qui menaçaient de l’envahir. À chaque pas, le battement de son cœur résonnait dans sa poitrine comme un écho de ses tourments.

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Elle ferma un instant les paupières pour chasser cette sensation amère qui l’oppressait. Au comble du désespoir, elle se laissa tomber au sol, et du fond de sa gorge s’éleva une plainte sauvage qui se mêla au bruit du tonnerre annonçant l’orage. Et lorsqu’elle n’eut plus assez de souffle pour crier, elle se mit à pleurer à gros sanglots.

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Quand un déluge de pluie s’abattit sur elle et la trempa en quelques secondes, elle s’arrêta soudain et, levant les yeux vers le ciel orageux, elle comprit alors que son mari venait de rendre l’âme. Poussant un râle d’agonie, elle s’effondra dans les bras de Luigi.

 

Je me réveillai en sursaut, le corps frémissant et le visage inondé de larmes. Je venais de revivre le destin tragique de mon père. Chef de la tribu del Rey, et trahi par son propre peuple à cause de son don.

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Mort à seulement vingt-cinq ans, faisant de ma mère une veuve à vingt-deux ans, et moi, une orpheline avant ma naissance. Et quelques mois plus tard, je perdais ma mère, qui ne s’était jamais remise de la mort de mon père.

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Après m’avoir tendrement serrée dans ses bras et prononcé les trois prénoms qui allaient à jamais sceller mon destin, elle m’avait laissée aux soins de son frère cadet, en lui faisant promettre de ne jamais me dévoiler la véritable identité de mon père, à cause du drame qui y était attaché.

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Malheureusement, son passé m’avait rattrapée. Et à cause de mes mauvais choix, je me retrouvais enfermée dans la forêt de Gayade, en compagnie du fils aîné du meilleur ami de mon père.

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Celui-ci avait la mission de m’emmener à Tampas, le village de mes parents, à une heure d’Avent. Selon Gabriel, meurtri par la trahison de son peuple, mon père avait maudit la tribu del Rey à sa mort.

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Et depuis dix-sept ans, aucun homme n’avait réussi à revendiquer le titre de chef, mettant ainsi en péril l’avenir de la tribu. Le père de Gabriel pensait que j’étais la seule à pouvoir briser cette malédiction.

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Voilà donc à quoi se résumait la vie de Nélia Prudence Eden Mbassal, fille de l’eau et de l’air !

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Je me levai en soupirant profondément et me rendis sur le balcon. De l’air. J’avais besoin d’air frais. Je me sentais oppressée dans cette chambre.

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Je respirai avec délice l’air embaumé de la nuit, et rejetant la tête en arrière, je fermai les paupières et savourai sa douce caresse sur ma peau. Je fis le vide dans mon esprit et me laissai aller à la plénitude qui commençait à m’envahir peu à peu.

 

Mais cela fut de courte durée. L’image de ma mère en pleurs émergea sournoisement du chaos de mon esprit, et me plongea dans un abîme de tristesse.

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Je me vis alors dans la peau de ma mère, cette nuit macabre où mon père était mort, et je sentis ce trop-plein d’émotions monter en moi comme une forte marée qui me terrassa des pieds à la tête.

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Pantelante, je m’effondrai sur le sol en lâchant un râle horrible, et pleurai sans aucune retenue. À cet instant, un vent violent se mit à souffler de plus en plus fort, secouant rageusement les branches des arbres.

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Puis le tonnerre gronda et un déluge de pluie glaciale s’abattit sur moi, me faisant sombrer dans un voile obscur. La pluie s’arrêta ensuite, et la forêt retrouva sa plénitude.

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À ce moment précis, je venais de déclencher, sans le savoir, le don de mon père. Ainsi commençait un nouveau chapitre de la vie de Nélia Prudence Eden Morris, fille de l’air !

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